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Tour de France 2023. Artzamendi, ce terrible col que le Tour n’empruntera (sans doute) jamais

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Les deux derniers kilomètres offrent 14 % de moyenne et des passages jusqu’à 25 % © Crédit photo : J.D.

 

Sur les hauteurs d’Itxassou, le Mont Artzamendi domine le Pays Basque. Mais aucune course cycliste ne l’a jamais emprunté. Il est pourtant considéré comme l’une des ascensions les plus difficiles de France

Christian Prudhomme adore les trouvailles et les défis, mais il a peut-être trouvé son maître. Un col du Pays basque aurait pu devenir la star de ce Tour de France 2023 de retour en Iparralde (Pays basque français) ce lundi. Mais non. Pour rentrer en France, le patron du Tour et son « traceur », Thierry Gouvenou n’ont pas cherché les cols du coin, et encore moins le fameux col d’Artzamendi. Dommage. Le spectacle aurait été extraordinaire.

Car l’Artzamendi, qui culmine à 960 m d’altitude, est une légende pour les coureurs du Sud Ouest ou les cyclos en quête de sensations fortes. « C’est une chasse gardée, mais il mériterait d’être plus connu », sourit Romain Sicard, l’ancien coureur d’Hasparren, qui l’a régulièrement grimpé durant sa carrière.

Route étroite

Rendez-vous à Itxassou, ce joli village du Labourd, niché quelques kilomètres après Espelette ou Cambo. À la sortie du village, il faut emprunter la direction du Pas de Roland, prisé des randonneurs, en longeant la Nive par une toute petite route à flanc de rocher. Ici, deux voitures ne peuvent se croiser, sinon en se garant dans de petits refuges. Le lieu est splendide, mais pas simple d’accès.

L’ascension débute, vers ce sommet visible depuis tout le Pays basque. Son énorme boule blanche et son antenne semblent si loin… D’abord la forêt de châtaigniers, sombre. Les petits murs aux pourcentages sévères (15 %) alternent avec de petites descentes. Des lacets et des relances violentes conduisent alors le cycliste jusqu’à la frontière espagnole, au son des coups de fusil des chasseurs.

“Je ne connais pas. Il faut que j’aille le voir” Thierry Gouvenou “traceur” du Tour

« Au total, ce sont presque 13 kilomètres d’ascension à 7 % de moyenne. Mais ce chiffre est rendu trompeur par les petites descentes. En réalité, c’est beaucoup plus difficile », insiste Romain Sicard. « D’ailleurs, même si j’aimais aller le grimper, je ne pouvais pas en faire un lieu d’exercice pour mes entraînements. Les ruptures de rythme empêchent de travailler en cadence. » Car le final vire à l’enfer lorsque la route tourne à gauche au col de Mehazte, à 2 kilomètres du sommet, au milieu des pottoks. « On atteint les 14 % de moyenne, avec des passages à 25 % en ligne droite. »

Le plus dur en France ?

Pour l’ex-champion du monde espoir, comme pour beaucoup de coureurs pros qui connaissent les deux, cet Artzamendi est « l’Angliru français », ce col des Asturies devenu une légende du Tour d’Espagne. Alors, à quand cette nouveauté sur le Tour de France ? Sans doute jamais. Même si Thierry Gouvenou est intrigué par le récit. « Je ne le connais pas. Il faudrait que j’aille le voir ». Mais les obstacles pourraient vite le refroidir. Les conditions d’accès rendent une arrivée du Tour et de son gigantisme hautement improbable (bien que l’édition 2023 ait choisi de revenir au Puy de Dôme, tout aussi inaccessible...). D’autant qu’aucune course n’est jamais montée là-haut. L’Essor basque, course amateur de référence, arrive trop tôt dans la saison pour proposer une telle difficulté.

Il n’empêche, le débat existe dans la communauté cycliste : et si l’Artzamendi était le col le plus dur de France ? Quentin Pacher, le coureur de Groupama-FDJ possède le record de l’ascension, mais il tempère. « Pour moi, il est effectivement très difficile, mais il manque peut-être de longueur pour rivaliser avec le col de la Loze, par exemple. » Bernard Hinault, qui l’avait grimpé avec Bixente Lizarazu, en 2021 pour un reportage dans l’Equipe n’était pas d’accord à l’époque.  “C’est le col le plus difficile que j’ai jamais fait ! Par les pourcentages. Dans un grand col, la montée est régulière”. Sicard acquiesce : « En France, je n’en connais pas de pareil… »

Julien Duby
sudouest.fr